13 Septembre 2011 17:00 | Centre of München - München
Méditation sur l’évangile de Mc 10, 42-45 du Président Nikolaus Schneider
La bénédiction et la paix de Dieu, notre Père, et de notre Seigneur Jésus Christ soit avec nous tous. Amen
«Les ayant appelés près de lui, Jésus leur dit : "Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous. Aussi bien, le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. »
Je voudrais commenter aujourd’hui pour nous trois pensées exprimées dans ce texte évangélique de manière à les rendre fécondes.
Tout d’abord :
Ecoutons encore une fois la vision réaliste du monde du Fils de Dieu :
« Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous ».
De manière très sobre, Jésus constate ce qui se passe d’ordinaire dans notre monde, où l’oppression et l’exploitation constituent en général le destin commun des hommes ordinaires. Le pouvoir est utilisé pour s’assurer une position. Les positions dominantes sont habituellement les places où la bonne chère ne fait pas défaut. Les cercles restreints de l’élite s’assurent de maintenir et d’élargie leurs positions dans la société.
Il en était ainsi à l’époque et il en est encore ainsi aujourd’hui de plusieurs manières dans ce monde.
Cette forme de domination et de soumission des hommes n’est pas le propre de la communauté chrétienne. Jésus ne fait pas le moraliste et ne remue pas en nous notre mauvaise conscience.
Il dit simplement « Il ne doit pas en être ainsi parmi vous »
Jésus change les hommes à travers la confiance.
Jésus n’exige rien des siens, mais leur dit : « vous êtes une communauté qui est définie par l’amour et par la bienveillance de Dieu a votre égard et par votre amour et par la bienveillance que vous avez les uns pour les autres ».
La foi en cette parole de Jésus et en cette promesse suscite une nouvelle manière d’agir de l’homme et de nouvelles relations entre les hommes. Cette possibilité devient une réalité quand, à exemple de Jésus, nous nous laissons inspirer et guider par l’esprit de Dieu.
La deuxième pensée :
Pour notre pensée et notre foi d’aujourd’hui, la Parole de la Croix est toujours un scandale.
Combien voudrions-nous parfois refouler la passion et la mort de Jésus de notre théologie, ainsi que nos souffrances quotidiennes et la mort de notre vie.
Toutefois la passion et la mort de Jésus Christ, la souffrance et la mort des hommes de ce monde font partie intégrante de notre foi.
La foi chrétienne est et veut être beaucoup plus que le bienêtre de l’âme.
L’Evangile en effet ne nous promet pas une « insoutenable légèreté de l’être » sur cette terre.
L’Evangile du Christ est pour cette raison Bonne Nouvelle, car il nous assure de la présence de Dieu et de sa proximité même dans les jours sombres et lorsque nous faisons l’expérience de la mort.
La voie vers la gloire de Dieu fut pour Jésus un chemin de passion.
Cette voie ne supprimait ni la douleur ni la mort.
Jésus a fait le choix de prendre sur lui la souffrance et la mort.
Il en fut de même pour ses disciples et cela vaut encore pour nous aujourd’hui : Pâques n’existe pas sans Vendredi Saint !
Le chemin de la Résurrection passe à travers la mort !
La troisième pensée :
La vie, la passion, la mort et la résurrection du Fils de Dieu sont nécessaires pour le rachat des hommes !
Même si le Fils de Dieu est le Roi des Rois, Jésus renonce à sa condition royale.
Jésus sait que Dieu son Père l’a envoyé et appelé à servir.
« Il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur », comme le chante l’hymne aux Philippiens.
« Service » est la parole décisive qui caractérise la vie et le cheminement douloureux de Jésus, et précisément comme service pour le rachat et la libération des hommes.
« Le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude », c’est ce que dit Jésus sur sa vie et sur sa passion dans ce passage de Marc.
Jésus ne vainc pas le mal par le mal.
Jésus l’emporte sur le pouvoir absolu de la violence de la mort par sa mort sur la croix. A travers la résurrection de Jésus, Dieu nous manifeste que la voie du service ; et non pas celle de la domination sur les autres, est la voie du salut de Dieu, pour le monde et pour les hommes.
La voie de Jésus, celle de l’amour et de l’audace empreinte de douceur, de la paix et de la miséricorde est la voie de la vie pour nous aussi.
C’est le chemin qui conduit à la vie éternelle !
Sur ce chemin, nous pouvons célébrer la vie en dépit des expériences de mort que nous affrontons dans notre monde petit et grand à la fois.
En effet, Dieu nous a fait comprendre une fois pour toutes que la mort n’a pas été le dernier mot sur la vie du Christ et que la mort ne sera pas le dernier mot non plus sur notre vie, si nous lions notre vie au Ressuscité.
Jésus Christ nous a en quelque sorte « rachetés » par son service de toutes nos tentatives, vouées à l’échec, de nous racheter tous seuls. Il nous a « rachetés » de notre tentative de refouler la mort et de l’illusion de l’immortalité, de notre obsession de l’exaltation de soi et de l’impitoyable affirmation de soi.
Nous ne devons pas dominer les autres, les opprimer et les exploiter pour avoir le sentiment que notre vie est « riche » et « réussie ».
Nous sommes rachetés et libérés de l’aspiration égocentrique à occuper les places d’honneur, à avoir du succès, à être reconnu et à nous justifier, toutes ces attitudes qui minent nos relations avec les autres. Nous ne devons pas succomber à la résignation devant les échecs dont nous sommes souvent coupables ; nous ne devons pas nous contenter de regarder sans rien faire ce monde qui se démène.
Nous pouvons nous confronter les yeux ouverts à l’obscurité de notre vie et aux puissances de mort de ce monde et nous ne devons jamais cesser de croire, d’espérer et d’aimer !
Nous pouvons nous faire proches des autres hommes malgré nos imperfections. Et nous pouvons investir nos forces limitées, notre imagination, nos dons particuliers et nos talents dans le service à l’autre et dans la vie commune.
Qu’il en soit ainsi entre nous, dans nos relations avec nos familles, nos amis, dans nos communautés, dans les églises et dans la communauté globale!
C’est pour cela que le Fils de Dieu a donné sa vie et nous a rachetés.
Que Dieu nous bénisse! Amen